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La Kaddish

LE KADDISH… TRANSCENDER LA MORT



Le Kaddish est l’une des prières juives les plus célèbres et pourtant, la plupart d’entre nous ne font pas attention au sens des mots qu’elle contient.   On peut même dire que tout cela contribue d’une certaine à la puissance mystérieuse de ce texte qui par ailleurs a inspiré de nombreux écrivains et compositeurs. Il est notoire que nombreux sont ceux qui revenus à l’observance du Judaïsme en accomplissant le devoir de dire le Kaddish pour un proche disparu.


Dans la Russie communiste cette prière constitua pour beaucoup le seul lien avec  la communauté juive.  Aujourd’hui ceci est encore vrai pour beaucoup d’entre nous.


 
Le vocable   Kaddish signifie « être sanctifié ». Il s'agit d'un substantif qui a le sens de « séparé », « mis de côté », « consacré ». A partir de cette racine, la langue hébraïque propose une multitude de termes : Kadoch-Saint; Mikdach-Sanctuaire ; Beth Hamikdach-Temple ; Kiddouch-la prière de sanctification du chabat récitée sur du vin ; Kedoucha, un texte basée sur une vision d'Isaïe; Kidouchin – les liens sacrés du mariage.


Le texte du Kaddish est écrit en araméen, qui était la langue vernaculaire du peuple juif à l’époque talmudique.


Selon la Tradition, la récitation du  Kaddish par un proche parent est un grand mérite pour l’âme du défunt. Pourquoi ?  Parce que par nos bonnes actions nous témoignons que nous suivons l’exemple de nos parents.


Glorifier et sanctifier le nom de Dieu. Voilà le paradoxe de cette prière ancestrale.


C’est précisément celui qui vient de perdre un être aimé et qui est ravagé, abasourdi ou plein de colère
qu’est demandé de dire le  Kaddish. Une tâche presque impossible, un défi à l’image de celui
 qui fut un jour posé à Job.


Cette récitation collective du Kaddish a pour conséquence que l’endeuilléne se réfugie dans une
solitude qui risque de mener à la dépression.


Cette priere n’est  récitée qu’en présence d’un minyan (quorum de dix personnes).   Elle  a pour thème la glorification  du Nom divin.  Plusieurs versions existent. La plus connue étant celle des endeuillés.  Pourtant, ce texte liturgique  ne comporte aucune allusion à la mort, au deuil, à a la résurrection.Le Kaddish évoque la grandeur de Dieu. Il est en fait une affirmation de notre conviction que l’Eternel est  Tout-Puissant et que sa Sagesse est infinie.   La vie a un sens et en dépit des apparences, Dieu est la source du Bien.


 La mort est un mystère autant impénétrable qu’inévitable. Comprendre ce qu’est la mort c’est comprendre la vie.
                                                     

 QU’EST CE QUE LA VIE ?


La physique moderne nous enseigne qu’aucune substance ne disparait à jamais. En fait elle ne   fait que de changer de forme. La matière n’est qu’une autre forme de l’énergie.  S’il en va ainsi de la matière, la chose vaut a fortiori pour ce qui touche à l’esprit. L’âme est éternelle. En vérité, la mort est le prolongement de la vie.


Respirer, marcher et parler sont des manifestations de ce que nous appelons la vie. Mais c’est l’âme qui indéfectiblement lié à Dieu qui donne un sens à  la vie : L’âme est immortelle. La mort représente effectivement la fin  pour ceux dont l’existence consiste uniquement à  s’enrichir matériellement.


Il n’en reste pas moins que la mort demeure une douloureuse épreuve pour les proches d’un défunt. La disparition d’un être cher provoque des émotions conflictuelles. Il faut savoir comment les canaliser. C’est pourquoi il y a toute une série de rites qui ont été institué. Ce sont les différentes étapes du deuil.  Il faut apprendre à regarder ce qui nous entoure au-delà des apparences. Il existe une réalité qui dépasse nos cinq sens.  Il s’agit de notre lien avec Dieu et l’éternité. Au plus profond de nous-même,   nous avons pleinement conscience de ce lien.


Pour certains, réciter le Kaddish relève d’une intuition.  Et ils ont parfaitement raison. Car le Kaddish est un signe d’amour et de respect que l’on témoigne envers ceux qui nous ont quittés.
Ce qui est le plus angoissant pour celui ou celle qui va mourir ce n’est pas tellement   la peur de l’inconnu mais c’est probablement la crainte d’être oublié.  Toute notre vie, tous nos rêves, nos succès et nos échecs …tout cela va être réduit au néant et le monde continuera sans nous.


Cette crainte est amplifiée pour celui qui n’a pas été béni par des enfants.


Mais, il y a un proverbe qui dit « Les enfants que nous laissons après nous, sont nos bonnes actions.  L'impact positif que nous avons eu sur ceux qui nous entourent est éternel.   Toutes les actions basées sur la bonté, la charité et la  justice , aussi insignifiant qu’elles  puissent paraître, laissent éternellement    une marque indélébile  dans l’univers Et la bonté accumulée sur une durée de vie de la vie morale est une force d'énergie positive qui laisse une impression durable qui ne peut jamais être perdu .  Ce qu’on se souviendra de nous ce n’est pas le chef d’œuvre que nous aurons écrit, ou le fait qu’un aéroport porte notre nom.  Ce dont on se souviendra ce sont les vies et les personnes que nous aurons touchées par notre comportement. L’impact que nous avons eu sur nos familles et tous les gens que nous avons côtoyés.


Le Talmud enseigne qu’enseigner a des enfants des textes ou un comportement vertueux c’est comme lui donner naissance.


Depuis l’antiquité on a essayé de « vaincre » la mort : l’    L'embaumement, la momification   corresponde au botox et a l’industrie cosmétique florissante d’aujourd’hui :
Certains pensent d’ailleurs que la peur de la mort est la racine de toutes les craintes et la force motrice qui façonne la plupart (sinon toutes) nos ambitions.  Beaucoup de religions considèrent le monde matériel comme fondamentalement mauvais. Ce n’est uniquement qu’un tremplin pour les félicitées de l’au- delà. En Hébreu, la vie se dit «  Haym – les vies ».


Il  n’y a pas de singulier pour ce terme. Les juifs ont la conviction que l’au-delà existe mais ils n’oublient en même temps que Dieu demande à chacun d’entre nous de perfectionner le monde et la condition humaine.    

 

L’écrivain Shmuel Yosef Agnon, prix Nobel de littérature, a émis l’hypothèse qu’en disant le Kaddish nous voulons pour ainsi dire « consoler Dieu »  de la perte d’un de ses enfants.


En effet, chaque être humain n’est pas une simple machine sophistique ou un simple numéro.


Dieu est le Père céleste qui aime et se soucie de chacun de ses enfants.


Le Kaddish trouve son origine dans la prière composée par les Rabbins de la Grande Assemblée.  Il l’écrivirent notamment pour consoler leurs contemporains de la destruction du premier Temple C’est en se référant à cette tragédie historique que pleure Ezechiel ( XXXIII,23). Le Prophète décrit les temps messianiques en s’exclamant : «Je (Dieu) me manifesterai aux yeux des nombreuses nations, et elles reconnaîtront que je suis Éternel ».


Le Kaddish évoque donc la Rédemption de toute l’humanité et la Rédemption individuelle.  Il nous aide à transcender le mal et la mort. Il nous aide à œuvrer pour un monde meilleur et la paix universelle, thème qui conclut cette prière.

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